Arrivée d'un nouveau prof bien mal en point [libre]

Utopie venait enfin d'arriver à Surprenant, après on ne sait combien de mois de marche et d'errance. Mais bon, vu sur les 121 années où il avait erré tant bien que mal, il avait connu pire, oui, bien pire. De toute manière, là n'était pas la question, il se devait d'entrer dans cette immense bâtisse qu'il voyait au loin. A vu de nez, il en aurait pour encore une bonne heure de marche, voir deux.

Deux heures plus tard, il arriva enfin en vue des grilles de fer. Etant donné qu'elles étaient grandes ouvertes, cela lui facilita la tâche de rentrer. De toute manière, épuisé comme il l'était, il n'allait guère faire long feu, hélas pour lui, surtout si la situation devenait critique.
Passons... De toute manière, il venait d'entrer dans le hall. Il n'y avait personne. C'était génant, il ne savait pas où aller lui ! Certes il savait (par un hasard incroyable) qu'il y avait un poste de professeur de magie à pourvoir ici, mais s'il ne savait pas où se rendre, on y était encore à la saint glinglin.

La fatigue qui lui avait tirailler la carcasse profita de ce moment de pause pour refaire son apparition, avec une amie que Utopie connaissait bien : la faim. Il était vrai aussi qu'il n'avait rien mangé depuis une bonne semaine, et que cela se faisait sentir terriblement au niveau de son corps. Des vertiges accentuèrent alors son malaise grandissant. A ce rythme, il allait s'évanouir avant que qui que se soit n'arrive.

Et c'est ce qui se passa, dix bonnes minutes plus tard. N'en pouvant plus, Utopie s'évanouit après avoir entendu faiblement des bruits de pas. Il était désormais au sol, ses bandages commençant à se défaire. Vrai, il faisait peine à voir, pâle comme un cachet d'aspirine et ses vêtements en bien mauvais état...

Spered traversait le hall calmement pour une fois, une immense pile de livres dans les bras. Il en avait jusqu'au menton et, perdu dans ses pensées il zig-zagait à travers le hall en direction de la bibliothèque où il devait rendre tous ces ouvrages.

Le jeune professeur avait parcouru la moitié du chemin lorsqu'il lui sembla apercevoir quelqu'un devant la porte mais brusquement, cette silhouette se déroba à son regard. Spered ne se posa pas plus de question : il n'est pas simple de voir quelqu'un quand on a une pile de livres telle que la sienne dans les bras. Aussi n'y fit-il pas attention et ce fut une erreur.

A peine trente secondes plus tard, il s'étalait au sol de tout son long après avoir buté sur une étrange chose molle. Les livres volèrent à travers le hall et le jeune homme se retrouva face contre terre sans avoir compris ce qu'il s'était passé.

Un peu sonné, il ouvrit les yeux pour se retrouver face ... à une face ! Il se redressa vivement et détailla la personne qui, étendu au sol, n'avait pas l'air dans son assiette, puis, reprenant ses esprits, il se pencha pour examiner la personne en question.

A priori il s'agissait d'un homme, plutôt maigre et de toute évidence épuisé et blessé. Spered posa une main sur son épaule et le secoua doucement.

-Hé ! Vous m'entendez ? Demanda-t-il d'une voix calme mais ferme. Ohé ... vous m'entendez ?

Il glissa trois doigts dans la main de l'homme.

-Si vous m'entendez, serrez ma main s'il vous plait.

Spered avait déjà suivit des cours de secourisme car c'était plutôt utile pour quelqu'un qui voyage comme lui et ce n'était pas la première fois qu'il devait les mettre en pratique.

Tout en continuant de parler à l'étranger, il enleva sa veste et l'enroula autour de deux livres épais puis glissa le tout sous la tête du jeune homme, en guise d'oreiller. Il avait, bien entendu, fait attention de ne pas le bouger. Maintenant la seule chose qu'il pouvait faire était de continuer à lui parler en espérant qu'il reprenne ses esprits ou que quelqu'un passe dans le coin.

-Hé, vous m'entendez ? Vous êtes à l'Institut Surprenant et je suis professeur. Est-ce que vous me comprenez ? Vous pouvez serrer ma main ? Continua-t-il sans s'arrêter.

[désolé pour le post pas vraiment sérieux, mais c'était trop tentant >>']

Un noir immense et effrayant. Voila ce qu'Utopie pouvait voir en cet instant présent, mais cela ne l'effraya guère, même s'il n'en menait pas vraiment large. Il avait l'habitude d'avoir des vertiges, et donc des malaises à répétition lorsqu'il n'était pas en forme ou tout bonnement quand la chaleur était insupportable pour son organisme habitué à des températures glaciales.

Inutile de préciser que notre pauvre bonhomme ne ressentit absolument rien lorsqu'il se prit le prof de langues et que par conséquent, le fit tomber, ce qui n'était pas de sa faute hein, nous sommes d'accord !

Pourtant, Utopie commençait à pouvoir réentendre ce qui se passait autours de lui, sans pouvoir toutefois agir plus que ça. Quand on est épuisé, on le reste, et ce pour une bonne quinzaine de minutes...

Mais revenons donc à la situation présente qui, avouons le, n'était pas vraiment fôlichône. Un professeur en devenir dans les vapes et ce pour encore un bon bout de temps, et un autre qui tentait vainement de ramener ledit prof dans les vapes à la réalité pas si rose qu'elle voudrait le paraître... En gros, une situation à la noix qui n'attendait que le réveil du borgne blond afin de se détendre.

Oui, mais comme dit plus haut, Utopie était incapable d'ouvrir les yeux ou même de bouger le petit doigt, son corps meurtri refusant à grand coups de décharges de fatigue de bouger. Pas que notre nouveau professeur n'en ai pas envie hein, soyons honnête, juste qu'il n'avait pas vraiment les moyens de rassurer le prof de langues qui tentait tant bien que mal de l'aider.

Cependant, il réussit -ô miracle !- à papilloner des paupières, sans pour autant les ouvrir. Cet acte lui demandait déjà une énergie conséquente, inutile d'en espérer plus, surtout si personne ne songeait à lui fourrer un peu de sucre dans la bouche (hypoglicémie, quand tu nous tient...)

De toute manière, si le message ne passait pas par la parole, il allait certainement passer par les gargouillements de son ventre qui commençaient à faire entendre leur litanie plaintive. Vrai, il y avait famine là !

[nan c'est pas grave ! C'est bien de pas se prendre au sérieux de temps en temps ! ^^]

Spered continuait à parler à l'inconnu, l'exhortant à serrer ses doigts lorsqu'il remarqua le très faible papillonnement de ses yeux. Soulagé de voir que l'homme, était semi-conscient et semblait se rendre compte d'une présence, il cessa son manège et réfléchit un instant à ce qu'il pourrait bien faire ensuite.

De toute évidence l'inconnu s'était évanoui par faiblesse, vu sa maigreur, sa pâleur, et les bandages. Spered en vint donc à la conclusion qu'il devrait pouvoir le déplacer sans risques. Il hésita tout de même deux secondes mais fut coupé court dans ses réflexions par un horrible bruit, à la limite du gargouillement et du grondement, qui semblait s'échapper du ventre -vide, de toute évidence- du pauvre homme.

Avec un sourire, le jeune prof s'éloigna un instant pour ramasser ses bouquins éparpillés à travers le hall et les posa, en une pile convenable sur l'un des bancs le long des murs. Puis il revint vers l'inconnu, s'accroupit et entreprit de le mettre sur ses épaules. Quand cela fut fait, il prit la direction dont il venait, marchant lentement, d'une démarche chaloupée, pour éviter trop d'inconfort à l'homme sur ses épaules.

Il avait un instant pensé à l'emmener à l'infirmerie mais il se souvint avoir entendu un étudiant qui se plaignait du fait que Sabine soit absente pour le journée ; et il prit donc le partit de regagner ses appartements. Ce n'était pas du luxe mais au moins il y avait un lit.

Lorsqu'enfin il poussa la porte de sa chambre -non sans mal, vu qu'il avait les mains prises, il devait s'être écoulé au plus dix minutes depuis sa rencontre avec le jeune homme, ce qui était un délai plutôt correcte. Il le déposa sur le lit et l'examina un instant. Il allait s'attaquer aux bandages lorsqu'un grondement sourd le fit sourire.

-Très bien, j'ai compris ! Je vais chercher quelque chose aux cuisines. Je reviens ! Lança-t-il avant de se précipiter hors de sa chambre.

Toujours du noir. C'en était déprimant, vraiment. Non mais sans blague, vous avez déjà testé, vous, de vous retrouver en plein milieu d'une sorte de magma noir, sans point de repère, pas même vos sens vu que vous vous trouvez dans votre tête et que votre cerveau ne trouve rien de mieux que de vous couper les informations venant du monde extérieur par votre corps ? Vrai, c'était pas vraiment la joie... Bon ok, c'était même carrément flippant.

Voici en gros ce à quoi pensait Utopie, si on occultait le fait que c'était surtout vers l'idée d'un repas que son esprit était tourné. Il n'empêche, il avait toujours le don de se fourrer dans des situations impossibles et peu gérables, quand ce n'était pas totalement débiles ! C'est donc sur ces bonnes paroles que notre "jeune" homme se mit à peser le pour et le contre des évanouissements. Avant de s'arrêter et de pester contre son idiotie : il n'y avait QUE des inconvénients à tomber dans les pommes !

Oh non, pitié, pas les pommes. A ce simple mot, il se sentit encore plus affamé, si seulement cela était possible; Cela lui apprendra à partir dans des élucubrations que lui seul pouvait faire (y a des fois où avoir un sens de l'humour pourri n'aidait vraiment, mais alors vraiment pas !)

Une odeur suave parvint alors à son pauvre cerveau qui eu à cet instant la bonne idée de se remettre en branle et de reconnecter ses malheureux neurones disséminés ça et là dans sa caboche à son corps meurtri.

Ouvrant avec difficulté son oeil droit, l'autre étant caché par des bandages, la première chose qu'il vit fut... De la nourriture ! Manger !Ni une ni deux, Utopie se précipita sur la nourriture alléchante qui titillait ses narines et semblait l'appeler doucement en lui murmurant "allez, viens, viens". Quand il finit de manger (baffrer serait le mot le plus juste, mais passons), il se mit enfin à regarder autours de lui... Avant de piquer un fard monstre. Il y avait quelqu'un devant lui...

Rouge comme une pivoine, et plus si affinité, le blond releva la tête, un sourire désolé sur les lèvres. Il attendait que l'autre parle, juste parce qu'il n'osait pas parler. Où qu'il avait tout simplement la flemme...