Bureau de Spered (Professeur de Langues)

Spered poussa la porte de son bureau en silence. Il n'en revenait toujours pas. Lui, professeur de langue ? Les langues... oui, ça le connaissait, mais il n'arrivait pas à s'imaginer professeur ! Et pourtant... c'était lui qui s'était proposé pour ce poste.
Il soupira et entra dans la pièce.

Il y avait le matériel habituel pour un bureau de professeur, c'est à dire un bureau en bois avec derrière un fauteuil pivotant, une grande armoire avec de nombreux tiroirs pour y ranger les cours et les devoirs et quelque chaises en bois pour y recevoir des élèves, par exemple.

Il passa les doigts sur le bureau, soulevant un peu de poussière qui le fit tousser. Bon, pensa-t-il. Cette pièce va avoir besoin d'un bon coup de déco à la Spered !!!

Son regard fit une dernière fois le tour de la pièce et il remarqua enfin la porte du fond. C'était, à coup sûr, celle qui menait à ses appartements. Avec un petit sourire, il traversa le bureau et alla ouvrir cette porte.

Une silhouette de petite taille approchait dans le corridor des bureaux, marchant d'un pas presque silencieux, un balai sur l'épaule. La Mégère Ménagère venait de finir ses corvées pour la journée, avec l'aide "Oh tant appréciée!" de deux voyous qu'elle avait surpris à faire un graffiti sur un coin de la fontaine.

Alors qu'elle avançait dans le couloir, on n'entendait qu'une voix de vieille femme qui chantonnait un morceau assez rythmé, et du manche du balai qui claquait sur le plancher périodiquement, marquant la mesure.. Le chantonnement s'arrêta soudain. Sabine avait remarqué que Spered était dans son bureau. Elle jeta un coup d'oeil furtif à l'intérieur, et aperçut qu'il était en train de découvrir les lieux.

Elle entra et, s'appuyant sur le cadre de porte qui séparait le bureau du corridor, lança d'un ton amical, presque trop famillier, avec un sourire espiègle: "Alors, Spe, comment tu trouve les lieux?"

Spered se retourna, étonné. Perdu dans ses pensées, il ne l'avait pas entendu venir.
Le jeune homme dévisagea la petite bonne femme armée d'un balais qui se tenait dans l'embrasure de sa porte et fouilla dans sa mémoire à la recherche d'un nom qui correspondrait à ce personnage. Lorsqu'enfin il trouva, un grand sourire éclaira son visage.

" Ah ! Vous êtes Sabine, c'est ça ?! ... Mon bureau, et bien..., il est spacieux et à vrai dire je n'en ai jamais eu d'aussi grand. Il manque un peu de déco, mais, je vais vite remédier à ça, vous pouvez me croire !"

Il regarda la ménagère d'un air espiègle.

"Si vous voulez, je vous inviterais à venir voir la résultat lorsque je serais définitivement installé. Une pendaison de crémaillère, c'est comme ça qu'on appelle cela, non ?"

Si Spered remarqua l'étrange façon de parler qu'avait par moment Sabine, il n'en montra rien. Après tout, lui non plus n'était pas d'ici et, aux yeux-ou plutôt aux oreilles ^^ -des autres, ils devait avoir un accent inconnu.

En tout cas, son entrain et son état d'esprit à propos de la la fête, lui firent plaisir. Oui, cette bonne femme lui plaisait. Bien sûr, il sentait en elle une certaine rigueur qui interdisait les faux pas, mais tant qu'il restait dans le droit chemin, ça devrait aller.

Il sourit.

"Pis, Spe. Qu'est-ce tu pense faire a'ec ton bureau?" Lui demanda alors Sabine.

Spered se gratta le menton en réfléchissant.

"En fait...je n'ai pas encore d'idées précises ! Il faudra... de la verdure ! C'est ça ! Des plantes ! ... et des objets anciens ! J'en ai plein. Ce sont des choses que j'ai ramené de mes nombreux voyages. ...Hum.... et puis de la couleur ! C'est pas que je n'aime pas les murs ocres mais... je veux de la vie. ... des tentures et des tapis, ça devrait être pas mal. ... Des drapeaux aussi. Je suis professeur de langue, après tout ! Ah ! Et une étagère en plus, pour mettre les ouvrages que je met à la disposition de tous.
En fait, je voudrais que les gens, en particulier les élèves aient envie d'entrer dans ce bureau, vous voyez ? Si ça devient le cas... alors je m'estimerais heureux !"

Il eut un petit sourire en coin en regardant Sabine.

"Hé hé ! ça peut paraitre un peu bête... mais c'est comme ça que je vois les choses !"

"C'est tout un project que tu t'fais la. Bon, hé ben j'vas t'laisser à ça. Épuise toé pas trop, là. Si j'peux faire que'qu'chose pour toé, tu me l'fras savoir, mon bureau est au bout du corridor là-bas."

D'un geste rapide, Sabine envoya le balai dans les airs, et le rattrapa sur son épaule, avant de repartir par le corridor, chantant une vieille chanson québécoise.

Spered regarda Sabine partir en riant. Cette bonne femme était décidément fort drôle et fort sympathique. Elle était bien loin de l'image qu'il gardait des femmes de son monde.

Il est vrai que dans celui-ci il avait découvert bien des choses mais s'il en était une qui l'avait étonnée c'était bien l'image de la femme. Il y avait tellement de différences selon les pays, les continents...

Sabine, elle, était un amalgame de tout ce qu'il avait pu voir jusque là. A la fois coincée et libérée, ordonnée et bohème, vivant pour le ménage et les arts martiaux... Elle était une femme complète, vivante et heureuse !

Spered riait toujours en fermant la porte.

Il se retourna, observant son bureau vide. La pièce lui parut vraiment triste avec ses murs de pierre ocre totalement nus, le bureau laqué qui brillait dans l'obscurité, les deux chaises poussiéreuse qui attendaient dans un coin et la grande armoire dont une des portes battait en grinçant.

Il eut une pensée pour sa classe, aussi dénudée et pour laquelle il nourrissait de non-moins grands projets d'aménagement.

Depuis dix ans qu'il voyait à travers ce monde, il n'avait jamais vraiment pris le temps de se poser, de s'installer quelque part. Mais ici, c'était différent. Il allait y vivre. A lui de faire de ce lieu un endroit digne de ce nom ; un endroit où il se sentirait chez lui !

Il soupira puis, subitement, ouvrit la porte à la volée, sortit dans le couloir en criant :

"Sabine ! Sabiiiiiiine !!! Attendez ! J'ai besoin de vous !"

Étrangement, le corridor paraissait moins sale et poussiéreux qu'il y à quelques secondes. C'était à croire qu'il avait été balayé à une vitesse fulgurante. Sabine avait fait fort. Quand Spered se retourna et cria dans le corridor, il put apercevoir Sabine relever le balai sur son épaule.

Sabine ne parut pas un instant surprise, et fit volte face pour faire face à Spered, on aurait cru avant même qu'ue ce dernier ne finisse sa phrase. Elle s'appuya nonchalamment sur son balai, et demanda, de l'autre bout du couloir sombre, sans faire le moindre effort pour se rapprocher de nouveau:

"Oui? C'est pour quoi?"

"Euh... "

Spered s'arrêta net, surpris.

Il aurait juré que Sabine s'était retournée un instant avant qu'il ne l'appelle et puis, ...l'incroyable et soudaine propreté du couloir... La mégère était telle un ouragan qui ne laisse pas un grain de poussière sur son passage !

Spered se reprit.

"J'aurais besoin d'un grand tapis pour ma classe. Il faut que les élèves puissent s'assoir dessus. ...hum... de couleurs vives ce serait le mieux.
Et si c'était possible d'en avoir un second, plus petit pour mon bureau, je dirais pas non.
... Bien... c'est tout !"

Un peu gêné d'avoir crié comme cela à travers le couloir pour une histoire de tapis, il s'en retourna lentement vers son bureau.

"Merci !" Cria-t-il tout de même au dernier moment, en passant le tête par l'entrebâillement de la porte.

Siana trainait dans les couloir des salles de classe pour voir où serait les prochains cours. Elle vit une porte ouverte puis elle entendit des cris ,de nature curieuse elle décida d'aller voir. Elle vit un homme mais elle n'avait aucune idée de qui ça pouvait être.

-Bonjour Bonjour, je m'appelle Siana, c'est vous qui avait crié ?

"De quoi j'ai l'air? Une meneuse de courses?", lança Sabine au professeur, avec un air moqueur à sa voir.

"Vas voir au village quand tu auras le temps. Il y à un artisan qui traite dans ce genre de trucs!"

Puis, riant amicalement, elle disparut au bout du corridor, balai sur l'épaule, ignorant la présence de Siana.

Spered regarda la jeune fille d'un air circonspect, se demandant ce qu'elle faisait là, et surtout, ce qu'il allait bien pouvoir lui répondre. En même temps, il tâchait d'entendre la réponse que Sabine lâchait d'un ton moqueur.

"Vas voir au village quand tu auras le temps. Il y à un artisan qui traite dans ce genre de trucs!"

Il secoua la tête, se sentant idiot de ne pas y avoir penser par lui même puis, criant car elle s'éloignait, il pensa à la remercier.

"Merci beaucoup !!!"

Enfin, il prit conscience de la présence de la jeune fille toujours à ses cotés. Il la dévisagea un moment, un peu gêné avant de lui adresser un petit sourire.

"Ah ! Désolé si tu t'es inquiétée. C'est bien moi qui ait crié mais c'était juste pour rappeler Sabine qui s'en allait. Tu vois, il n'y a pas de problème. "

Il ouvrit un peu plus grand sa porte et pénétra dans son bureau, invitant la fille à le suivre.

"En fait, "lança-t-il soudain en se retournant d'un coup." Je suis en tarin de planifier l'aménagement de ce bureau. Il lui manque un peu de chaleur et de vie. Même si ça peut paraitre étrange... je veux que les élèves aient envie de s'y rendre. "

Il réfléchit un instant à ce qu'il venait de dire et rit.

"Les enfants de ce monde n'aiment pas trop se rendre dans les bureaux de leurs professeurs. Je crois que c'est une sorte de punition pour eux. Dans mon monde à moi... c'est différent."

Spered regarda la fille, l'air pensif.

"Tu pense que c'est bête de penser ça ? ... Non, ... dis moi franchement ce que tu en pense ! Vraiment ! "

Siana devisagea le professeur.

-Je trouve ça simpa mais pourquoi les élèves auraient ils envie de se rendre dans voitre bureau ??

Spered s'attendait un peu à la question, même s'il n'avait pas de réponse toute prête.

"Eh bien... en fait..."

Il se gratta le menton tout en réfléchissant à ce qu'il allait bien pouvoir dire à cette élève.

"En fait, je pense que les élèves voient trop souvent les professeurs comme des modèles de sévérité et des gens appartenant à un autre monde. Alors que les enseignants sont ni plus ni moins des êtres vivants et pensants, comme vous.
Vous vous imaginez des tas de choses sur eux, vous en faites des monstres, alors qu'ils pourraient être des bons amis avec qui apprendre deviendrait un plaisir et non une corvée."

Il regarda la jeune fille et ses yeux verts brillaient comme il continuait son plaidoyer véhément.

"Regardes. Moi, j'ai 21 ans, j'aime le sport et rire. Tu me trouves si différents des garçons de ton âge ? ...
Pour en revenir à cette pièce..."

Il écarta les bras, en un large arc de cercle, englobant ainsi tout son bureau.

"Cette pièce, je veux qu'elle soit accessible à tous. Pour ceux qui ont envie de discuter, pour ceux qui ont besoin de se confier, de pratiquer... ceux qui ont envie d'étudier y trouveront des ouvrages très spécifiques qui complèteront à merveille les données de ceux de la bibliothèque.
Et tout ça pourra se faire dans la joie et la bonne humeur !
...
Voila ! C'est ça, mon idée, mon but ! C'est peut-être une utopie, mais... j'y crois !"

Il se tut, se sentant quelque peu ridicule de s'être ainsi emporté devant une élève. Finalement il haussa les épaules et se dit qu'il n'y avait rien de ridicule à assumer ses idées et ses rêves.

Il posa son regard vert sur la jeune fille, se demandant comment elle allait réagir à ses propos.

Siana était stupéfaite de se que venait de dire le prof, elle à qui on avait toujours dit qu'avaec les prof il fallait se comporter autrement qu'avec les amis et qu'onb était en classe que pour apprendre et travailler. Elle regarda le prof :

-Serieusement je trouve que vos idées sont super ça insitera plus les jeunes à travailler à se donner à fond dans ce qu'ils font. J'espere que ça se realisera en tout cas moi je serai la vous pouvez conter sur moi .
Puis en regardant de plus prés son prof elle trouva aucune difference entre les jeunes de son age et lui.

-Comment je dois vous appler alors Monsieur, Spered ? Et on vous tutoie ou reste au vouvoiment ?

"ça... c'est comme tu le sens. Si pour toi le respect dut à un professeur passe par le vouvoiement... alors vas-y. Si tu es plus à l'aise en me tutoyant, je ne vais pas me fâcher. Par contre, je préfère de loin Spered à Monsieur !"

Et il sourit à la jeune fille, heureux de voire que ses idées ne lui semblaient pas si saugrenues. Il y avait donc des chances pour qu'elles deviennent réalité et ça lui plaisait beaucoup.

"Au fait, ... il en va de même pour ma salle de classe. Si jamais tu as des idées pour la rendre plus agréable, je suis ouvert à toutes propositions."

-Le respect pour moi passe tout d'abors par la façon dont on se comporte à l'égard d'une personne. Donc je vais te tutoyer et t'appeler Spered mais je vais egalement de respecter tel un prof'.

Siana lui sourit en retour, elle se disait que c'était vraiment super ce qu'il allait faire et ça serait bien si tous les prof adoptés le même point de vue.

-Pour la classe j'en parlerai avec mes copines si tu veux pour avoir plus d'idées à mettre en commun. Bon je te laisse je retourne dans ma chambre. A plus tard.

Spered salua la jeune fille d'un geste de la main. Il resta un instant encore adossé à son bureau avant de se décider à bouger.

Il commença par refermer la porte de la pièce qui était restée ouverte, puis il ramassa son manteau et sa besace. Enfin, souriant de cette rencontre fort sympathique, il se dirigea vers la porte du fond où se trouvaient ses appartements.

Tout de même, il se dit que son séjour ici, aussi long qu'il soit (Il n'avait aucune idée de quand la soif de l'aventure pourrait bien le reprendre), serait bien mieux qu'il ne le pensait au début. Surtout si les élèves réagissaient tous comme cette charmante demoiselle.

Il alluma la lumière dans sa chambre, ferma la porte et tira le verrou derrière lui avant de se laisser tomber sur son lit.